La submersion marine à l'horizon 2100

Vivre avec le risque sur les terres vagabondes

Type de mission : Projet de fin d’étude

Localisation : Point du Médoc (33)

Phase : Etude terminée en 2020

Mandataire : Marguerite MAITRE

Maitrise d’ouvrage : ENSP Versailles-Marseille

Collaboration : Tuteur Bruno Tanant

Superficie : 39518Ha

 

La pointe du Médoc en Nouvelle-Aquitaine, est entre deux eaux. Celle de l’Océan Atlantique et celles de l’Estuaire de la Gironde. Elle concentre nombre d’inquiétude quant à sa pérennité. La frontière entre Terres et Océans est une surface fragile mais pourtant extrêmement peuplée. Soumise à l’érosion, l’élévation du niveau de la mer et la submersion marine, elle est par nature mouvante, incertaine, évolutive et mystérieuse.

 L’homme en réinvestissant les côtes a tenté de mettre en place son mode de vie sédentaire avec des infrastructures solides qui arrivent aujourd’hui à leurs limites. Ces littoraux et bords d’estuaires peuvent en effet être amenés à disparaître… Mais aussi à refaire surface. Les vestiges de ces bouleversements permettent de comprendre les schémas passés dans lesquels les littoraux s’insèrent, pour nous aider à mieux appréhender l’avenir de ces territoires en mouvement. Le risque et l’urgence que ressentent les habitants viennent se confronter à l’histoire, au mythe, au biais d’optimisme, et au rêve, participant à rendre ces milieux éphémères et d’autant plus singuliers et précieux.

 

Ce paysage fusible pourrait à l’horizon 2100 accueillir l’eau sur ces anciens polders dans une matrice hydraulique qui n’est pas sans rappeler la forme d’un piano. En s’appuyant sur la digue actuelle restaurée, et sur des écluses qui seront mises à contribution pour faire fonctionner ce système sans débordement, la terre sera excavée des parcelles qui se trouvent en bordure d’estuaire pour former ce fameux chapelet de marais. Ils verront se mêler eau saumâtre et eau salée. En arrière de ces marais, des canaux existants se verront élargis pour accueillir plus d’eau encore. En hiver lors des tempêtes les plus importantes, puis lorsque l’eau aura considérablement augmenté, un lac réservoir initialement composé de canaux et de zones humides pourra progressivement se gorger d’eau. La terre excavée viendra renforcer la ligne entre les marais et la terre parcourue de canaux, créant une limite plus lointaine que la digue existante. En cette nouvelle frontière commencera une pente douce dont le point bas sera le piano, et le point haut les villages plus à l’ouest, protégeant ainsi la partie haute de la presqu’île et évitant un effet « cuvette ».

La matrice du piano viendra par la suite se décomposer pour accueillir encore plus d’eau et voir évoluer son trait de côte. Car une nouvelle fois, le trait de côte est, et restera mobile. La création de petites îles sera le vestige de ce système, le vestige des interstices, des chemins qui avaient été érigés en émergence des marais. Elles seront un point d’appui sur l’estuaire permettant de conserver les plus belles caractéristiques, richesses et activités de ce site, un pied-à-terre au milieu de toute cette eau.
La pointe du Médoc étant inscrite dans un cycle, une perpétuelle oscillation entre estuaire et Océan ; apparition et disparition, il n’est pas exclu qu’un jour ces terres refassent surface. Les îles, et les jetées formant le nouveau trait de côte pourront ainsi augmenter les chances de voir la sédimentation de l’estuaire reprendre son cours, la terre s’agrippant à la terre.

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